dimanche 19 août 2012

Conseil n° 6 : Le lustrage "miroir", ou glaçage

Si l'on veillera à toujours garder ses distances des excès que sont la patine et la peinture des chaussures, il n'en reste pas moins vrai que les chaussures de qualité exigent un aspect impeccable. L'une des finitions préférées de nos amis anglais est le lustrage "miroir" (mirror shine), aussi appelé glaçage, que l'on obtient par une méthode rendue célèbre par l'armée de Sa Majesté, le "spit 'n' polish" (salive et cirage).

Il est important de savoir que le lustrage  "miroir" ne s'applique qu'à la pointe avant de la chaussure, avec une certaine tolérance pour la partie arrière autour du talon, mais guère plus. Si l'on voulait une telle finition sur toute la chaussure, alors on achèterait, comme le font les officiers de nombreuses armées de tradition anglo-saxonne, des chaussures vernies.

Comment y arriver? Nous avons conseillé, dans un précédent post, d'éviter le cirage, une crème de couleur adaptée suffisant à l'entretien normal de vos chaussures. Mais le cirage - en très petite quantité - reste indispensable pour obtenir un lustrage "miroir".

Le degré de l'effet miroir doit s'adapter à votre goût
Après avoir crémé ses chaussures, et avoir attendu qu'elles aient bien séché, on appliquera du cirage de la bonne couleur (ou très légèrement plus foncé en fonction de l'effet recherché) avec un chiffon ou une petite brosse. En ayant auparavant chambré le cirage ou, mieux, l'ayant assoupli près d'une source de chaleur, on pourra plus facilement veiller à en prendre le moins possible, et on l'appliquera en plusieurs couches successives, toujours avec des mouvements circulaires (personne n'a jamais su expliquer pourquoi le mouvement devait être circulaire, mais pourquoi pas?).

Après que chaque couche ait bien séché, c'est à dire trois ou quatre minutes, on passera vite quelques coups de brosse afin que le cirage brille un peu, avant de repasser la couche successive.



C'est après avoir déposé trois ou quatre couches très fines de cirage que l'on prendra une grande brosse, et que on frottera énergiquement d'un mouvement linéaire la pointe avant, là où on a ciré.

Le secret est d'avoir auparavant légèrement mouillé la brosse - et non la chaussure - avec un peau d'eau, de préférence distillée (celle de votre fer à repasser, ou que produit votre sèche-linge) afin d'éviter toute trace de calcaire. Le meilleur résultat s'obtient avec un brumisateur, comme celui utilisé pour le repassage, ou en projetant un peu d'eau sur les poils de la brosse avec le bout de ses doigts. L'eau est indispensable, car avec le brossage elle modifie la chimie du cirage, qui prend alors cet aspect "miroir." Une méthode alternative consiste à humidifier très légèrement le chiffon avec lequel on applique le cirage, mais le but est le même, c'est à dire associer eau et cirage.

Ici, l'effet miroir peut paraître excessif.
Ceci veut dire que vous pouvez vous dispenser d'acheter tous ces produits qui promettent un aspect miroir sans effort, comme par exemple ceux contenant de l'huile de vison ou autres additifs: ils sont en fait inutiles. Il vous priveraient, de surcroît, du plaisir réel que procure à l'amateur l'entretien de ses propres chaussures, et l'obtention par ses seuls efforts de l'effet désiré. Et nous avons si peu l'occasion de pratiquer du travail manuel....

Une mise en garde s'impose ici: cette méthode n'est à utiliser qu'avec du cuir de vache, et surtout pas avec du cordovan (cuir de cheval), que l'eau pourrait abîmer de manière irrattrapable.

Et, pour éviter que d'éventuels lecteurs américains n'en profitent pour nous poursuivre en dommages et intérêts, nous précisons que le lustrage miroir ne s'applique ni au veau velours, ni au cuir gras.

Ne reste  plus alors qu'à utiliser une bonne dose d'huile de coude, et voilà: la pointe avant de vos chaussures ressemble à un miroir, et elles pourront passer sans souci l'inspection du plus rigoriste des sergeants-major.

On notera que certains fanatiques conseillent de finir le lustrage en frottant la partie cirée avec un vieux bas de femme; le résultat serait encore meilleur.

On notera surtout qu'il n'y a pas de notion objective de ce que constitue le "lustrage miroir" parfait, et qu'il faut bien entendu l'adapter à son propre goût. Comme partout, l'excès est à bannir (sauf lorsqu'on achète des chaussures de qualité chez Britannic Shoes; là, l'excès est au contraire chaleureusement recommandé).

En conclusion, on obtiendra à terme, avec cette méthode, une véritable patine à l'ancienne, qui embellira au fur et à mesure du temps, et qui prendra une profondeur et des reflets très beaux sans devoir recourir aux artifices utilisés par les dilettantes....

Crédits photo: Gieves & Hawke (haut), AAAC (bas)

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